lundi 20 février 2012

Young, à ramasser des prunes

                Partis de Canberra, direction Young qui est une ville réputée pour ses cerises et ses prunes, en espérant trouver un fermier à la recherche de jeunes travailleurs.

                Nous ferons étape à Binalong, petit village perdu, où on passera une petite soirée au pub  local. Pas grand-chose à faire là bas, le seul intérêt de cet endroit est sa petite « camp area » gratuite avec barbecue et toilettes à disposition.
                Lendemain, jeudi donc, direction Young. Avant même d’y arriver, on passe devant ce qui semble être une exploitation de cerises. On s’y arrête pour demander à un mec qui était devant avec son pick-up et son jean plein de terre. Il nous dit que la saison des cerises vient de se terminer, mais que les prunes devraient commencer bientôt et nous indique où trouver le big boss à son bureau. On va donc voir Wendy, qui possède et/ou gère une quantité impressionnante de champs et de cultures. Celle-ci nous dit en nous voyant arriver, sans même qu’on lui demande quoi que ce soit, de poser le van dans le champ du dessous et de venir travailler demain s’il ne pleut pas.
On passe donc l’après midi au camp où on rencontre quatre français qui ont déjà fait une journée de boulot. Ils nous expliquent un peu ce qu’on va faire, qu’on va cueillir des petites prunes, qu’on est payés à la « bin » (cagette en plastique de 15 kg environ) et nous briefent un peu sur la technique à adopter (à savoir bourriner). Nous voilà fixés, car on n’avait pas la moindre idée de ce qu’on allait faire comme travail, si ce n’est que ce serait en extérieur vu que la pluie est un critère pour nous faire travailler ou pas.
                On se rend compte qu’on est quand même super chanceux sur ce coup là. Trouver du boulot aussi facilement n’arrive pas à grand monde et ne nous arrivera pas souvent. Et comparé à la flopée de vignobles qu’on avait du aller voir dans la Yarra Valley sans résultat.  On ne sait pas encore combien c’est payé, mais bon, on a du taff !
               
                Le lendemain, pluie encore. On se lève tout de même à 6h car il ne pleut pas très fort. On range le van. On est près à partir. Les français appellent Wendy. « Pas de travail aujourd’hui ». On est plein de café, on peut plus dormir. Bref, on s’est levé pour rien.
Alors, un jour de pluie, à Young, il n’y a rien à faire ! Si ce n’est bricoler un peu le van et faire connaissance avec les autres « pickers » du camp, français pour la plupart. Il y’a donc les quatre français du premier soir, que l’on appellera « les Parisiens », car de Paris. Puis un groupe de quatre bretons, que nous appellerons « les Bretons ». Deux couples de français de Marseille et Montpellier, que nous appellerons Ugo & Yasmina et Charles & Julie, car ils s’appellent comme ça. Il y a aussi deux allemandes super sympas, Franzi et Julia, mais qu’on appelle les allemandes. Et finalement, un van à fleurs de français qui ont l’air super con et qui s’installent au fond du camping et qui en quelques mots seront rangés dans la catégorie des « gens avec qui on va pas trop parler car ils ont l’air vraiment trop cons », on les appellera « le van à fleurs ». Voilà pour la présentation des protagonistes.
                Samedi matin, il ne pleut plus, c’est le top départ de notre premier jour de boulot ! Lever 5h, pour être au point de rendez vous à 6h20, qui est à 20 minutes de route du camp. On arrive là bas, Wendy nous donne notre matricule et les tickets portant notre numéro à mettre sur les bins que l’on ramasse. Ensuite, on doit être pas loin de 80 pickers à suivre un camion dans les petites pistes entre les champs jusqu’à arriver au champ où on ramasse ces fameuses prunes. Et là c’est parti, on commence à ramasser vers 7h15, et ce jusqu’à 15h, en mode tunnel. On éteint le cerveau, et on pick, et on pick !! 
Voilà à quoi vont ressembler nos prochaines journées, lever 5h, rdv 6h20 à l’entrepôt, début de boulot entre 7h et 7h30, fin entre 14h et 15h30, avec des pauses pour les changements de champs. Et tout ceci n’est pas payé à l’heure, alors il faut pas dormir. On fera 11 jours d’affilée comme ça, jusqu’à ce que Wendy nous dise, un matin à 6h30, qu’il n’y a plus de fruits à ramasser, qu’on peut ne bosse pas ce jour et qu’on peut venir chercher la paye le lendemain.

Je ne détaillerai pas trop les journées hein, j’espère que personne ne m’en voudra. On fait entre 30 et 45 bins par jour, selon les arbres qu’on a. Il existe plusieurs techniques pour optimiser ce nombre. Remplir moins ses bins, ça marche pas avec tout les superviseurs (ceux qui passent en quad dans les champs et qui récupèrent nos bins), y’en a qui les prennent quand elles ne sont pas à ras bord, d’autres qui font chier, faut s’adapter. La technique de mettre deux tickets, qui ne marche que quand il pleut et que les tickets ont une bonne raison d’être collés. Après, il ne reste qu’à optimiser son rendement.  Plus ça va, plus on se sent fort et moins on met de prunes à côté du panier qu’on a sur le ventre. Plus ça va, plus on apprend à voir si ça vaut le coup d’aller s’emmerder à récupérer trois prunes au milieu de l’arbre, ou s’il vaut mieux secouer et les faire tomber par terre (car les supervisor nous font revenir sur les arbres où il reste trop de prunes, il faut donc que rien ne reste sur l’arbre, si c’est par terre, c’est pas grave). Le genre de petites choses qui te font croire que tu ne fais pas un travail trop débile où il faut juste faire le bourrin.

Petites anecdotes de cette belle aventure. Les fois où on est persuadés qu’il va pleuvoir le lendemain, qu’on force sur l’apéro le soir, et qu’on s’aperçoit que la météo ici est toute aussi précise que Météo France. Ce jour là, les parisiens arrêteront le travail à 10h et se feront virer par Wendy. Dans ce genre de job, tu peux faire ce que tu veux tant que tu bosse le lendemain.
                Sinon, le coup des Bretons qui perdent les clés de leur van dans le champ, avec le double. La petite heure sup’ à chercher dans les rangées de pruniers. C’est long mais au moment où on les retrouve, la joie n’est que plus grande. Surtout quand on commence à penser à péter un carreau et à démarrer le van comme on peut. Comment voler son propre van en quelque sorte.

                Et voilà donc comment la Trime Team travailla pendant 11 jours, et amassera pas loin de 4000 $, qui lui permettront de varier le régime pates / noodles.

                L’étape suivante est de rejoindre Sydney, en passant part les Blue Mountains.

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