lundi 21 mai 2012

Bundaberg / Yeppoon

                Partis de Rainbow Beach après un beau week end, on cherche du boulot sur la route menant à Cairns.
                Première halte, Childers où il est sensé y avoir pas mal de boulot car c’est la saison des agrumes. En demandant au bureau d’information, on obtient l’adresse d’un camping et d’une auberge de jeunesse qui sont en contact avec les fermiers et proposent du travail à leurs résidents quand ils en ont. Au camping, la nana de la réception semble complètement shootée et nous dit qu’elle n’a rien pour le moment mais qu’elle
nous rappellera si jamais elle a quelque chose. On a appris à ne pas compter sur ce genre de plans, pas une seule personne qui a pris notre numéro de téléphone ne nous a jamais rappelé depuis le début. On va donc voir à l’auberge de jeunesse, où il y a un grand panneau « Work Available » et où on croise un anglais à qui ils ont trouvé du boulot dans le ramassage de salade. On rentre optimiste à la réception, mais non, plus rien pour le moment. On insiste un peu et lui demande si elle pense qu’à Bundaberg il peut y avoir du boulot. Elle appelle donc un ami à elle qui lui dit que si on peut être à Bundaberg le soir même, on bosse le lendemain.
                On trace donc jusque là bas, à peine 100 km plus au nord, pour arriver chez son ami, qui tient aussi une auberge de jeunesse. Ce qu’on ne savait pas, mais qu’on découvre rapidement, c’est qu’il faut lui payer une semaine d’hébergement (170$) pour pouvoir bosser, et 6$ par jour pour se faire emmener en bus. Sans la garantie de bosser plus de deux jours dans la semaine. On hésite, longtemps, on en demande un peu plus aux résidents, puis on décide de trouver des fermiers par nous même car la météo est changeante (donc potentiellement pas beaucoup de travail) et qu’on ne veut pas lâcher 200$, sachant qu’on a le van. On demande aux résidents par où sont les fermes et on ira les voir le lendemain.
               
                Lever 5h, en habit de combat, on part dans les environs de Bundaberg, à la recherche de toutes les fermes. Ici, il se cultive beaucoup de patates. Je passe les détails, on en essaiera une bonne quinzaine avec comme seule réponse qu’ils travaillent tous avec les auberges de jeunesse et qu’ils ne peuvent pas employer directement, ou alors qu’ils n’ont pas de boulot en ce moment.  C’est comme ça que ça marche ici à Bundaberg, tu dois payer pour bosser. On essaie deux autres fermes à Gin Gin, sur la route, sans succès car c’est le tout début des récoltes de mandarines et qu’ils ont déjà recruté suffisamment de monde. Gin Gin nous offrira tout de même son petit lot d’attraction, avec un papy qui s’endort ou fait un malaise au volant et a dû bloqué la pédale de gaz, sur un parking de supermarché, et nous offre une jolie cascade, tamponnant deux voitures pour finir sa course dans un arbre. Heureusement, il est conscient après ce choc, et a réussi, allez savoir comment, à ne percuter personne !
               
                Sur ces échecs, on continue à se diriger vers le nord, et on fait étape à Yeppoon pour la nuit. Sur un petit parking, on rencontre deux couples de français (Ludo & Elo et Flo & Clem) qui travaillent dans l’emballage d’ananas. On passe une petite soirée sympa avec eux, et ils nous filent l’adresse de là oùil bossent. Flo & Clem, qui sont là depuis un bon moment, nous donnent également le numéro de Brad, leur ancien employeur au ramassage d’ananas.
                Lever 7h, pour aller voir au packing (emballage), qui est le job le plus tranquille, car d’après Flo, le picking (ramassage) est vachement physique. Négatif, pas de chance, ils ont engagé les derniers la veille. On appelle donc Brad, qui nous dit qu’il part de la ferme et vient nous chercher maintenant si on est prêt à bosser. Au top !! On arrive aux alentours de 10h30 sur le champ d’ananas.
                On rejoint les autres ramasseurs, qui sont là depuis 6h. Du matin, oui. Le boulot consiste à ramasser tous les ananas de ta rangée (souvent bien enfouis sous les feuilles), à les dégoupiller (voyez c’que je veux dire, arracher le chapeau qui pique) et poser les deux parties sur le tapis roulant que l’on suit qui avance avec un tracteur. Petit détail amusant ? Un champ d’ananas, c’est comme des chapeaux d’ananas géants, c'est-à-dire que ça pique, partout. Beaucoup. Surtout si on a jeté la seule paire de jeans le jour de son arrivée à Bangkok, et qu’il ne nous reste que des fisherman pants, bien fins. On s’arrête à 15h30 de ramasser, après une pause-déjeuner assez light pour nous car pas trop prévue. On est bien cassés et les avants bras sont tout durs. Gros McDo en rentrant sur Yeppoon, direct ! Puis, Big W pour acheter un jean, mais pas de chance, ça ferme à 18h, et il est 18h05… ça sera encore une journée en slip demain !
                Lever 4h15. Ca pique. On pick de 6h00 à 15h30. On a mal aux bras, mais aujourd’hui on avait prévu la bouffe pour midi et le casse croute pour 9h30 alors ça passe. Mais j’ai les jambes en feu. Et c’est déjà le week end (jeudi soir) car on ne ramasse pas le vendredi pour des raisons logistiques. Sinon, on gagne 230$ en deux journées (dont une pas complète), Brad nous retire 5$ de la paye par semaine pour l’essence, puisqu’il vient nous chercher tous les matins et nous dépose tous les soirs, à trente minutes de la ferme. C’est honnête.

                Week end de trois jours à Yeppoon donc. Flo et Clem nous ont conseillé une rivière sympa, Stony Creek, dans le Byfield National Park. Sur ces conseils, on va y passer l’après midi. A 20 km au Nord de Yeppoon, il y a une petite piste qui part dans les bois. Je ne sais pas combien de kilomètres on fait sur cette piste pourrie, mais le moteur se met à chauffer beaucoup au bout d’une demi-heure. Cette bonne vieille petite fuite de liquide de refroidissement… On s’arrête pour laisser refroidir et remettre de l’eau. Yannou part en courant pour voir si la rivière est loin, car on commençait à se demander si on ne s’était pas perdus. Il revient, trois minutes plus tard. Il restait deux cent mètres. Nickel, on se cale, on s’envoie un petit plat de pates, puis on va se baigner ! L’eau n’est pas très claire, voire même marron, mais ça n’a pas l’air sale. On peut sauter de certains arbres, si on ne tombe pas en y grimpant, et sauter avec une corde attachée à une branche. C’est sympa. On passe l’aprème, en fin d’après midi, au fur et à mesure que les gens s’en vont, il y a des tortues qui viennent pointer le bout de leur nez à la surface. On essaiera bien d’en attraper, mais sans succès.
               
Le lendemain, on se ballade un peu à Emu Park, un peu au Sud de Yeppoon. Petite après midi glandouille en bord de mer, on se repose ! Je pars me balader un peu seul au sud, les plages sont vraiment belles, et j’aperçois depuis le bord une grosse tortue de mer à la surface. La baignade étant déconseillée car l’endroit est, paraît il, plutôt apprécié des requins…
Dimanche, troisième jour de week end, les courbatures dans les bras et les ampoules commencent à s’estomper, doucement. Bon signe ! On occupe notre dimanche à Emu Park, encore, où se déroule le « Festival du vent », et non le « Festival du vin » comme on l’avait compris avec Yannou, merci l’accent toulousain de Ludo & Elo ! Il ne s’y passe presque rien. Il y a plein de cerfs volants dans le ciel, des animations pour les gosses et deux ou trois concerts / spectacles qui s’enchaînent sur une petite estrade. On retiendra particulièrement un spectacle de claquettes interprété par le club du 3° âge du coin, un sens du rythme et une synchronisation plutôt particulier, pour ne pas dire absent. Mais ils se marraient, alors on pouvait se marrer aussi ! Bref, pas grand-chose à faire par ici.

La semaine prochaine, on ne bosse que trois jours, car vendredi, c’est pâques, et du coup les transporteurs ne bossent pas et arrêtent jeudi, et du coup nous on arrête mercredi. L’idée était donc de partir jeudi pour Cairns. Moi j’ai mon objectif d’être le 8 avril à Cairns pour le concert de John Butler Trio, depuis un bon moment, quitte à partir en stop avant les autres. Mais en partant jeudi, la montée en trois jours (1000km) est largement jouable. Sauf que, dimanche après midi, un petit vieux nous propose de faire un tour en bateau avec lui sur les Keppel Islands, juste en face  de Yeppoon, réputés très jolies mais qui ne nous ont jamais effleuré l’esprit. Mais enfin, voilà que les autres sont tout à coup bien tentés par l’idée de faire du bateau, gratuitement… normal. Du coup, je monterais tout seul à Cairns. John Butler quoi, c’est la seule occasion de le voir pendant sa tournée en Australie qui fait le tour en sens inverse de nous. Je veux pas avoir de regrets.
Lundi, c’est reparti pour les ananas. Et ce jusqu’à mercredi. En jeans, ça passe beaucoup mieux. Mais ça n’aide pas à se lever à 4h15 du matin.
Mercredi soir, on va faire un tour à Rockhampton, Rockie comme disent les locaux, la grosse ville à côté de Yeppoon. On passe la soirée avec les quatre français, dans un pub qui organise des rodéos tous les mercredis soirs. Au début, c’est des enfants sur des petits taureaux, c’est marrant mais ils restent cinq secondes sur la monture. Mais pour finir, ils envoient des bons gros taureaux bien énervés, avec des cowboys qui s’accrochent pas mal ! Ca envoie un peu. Mais il n’y a pas grand monde et l’ambiance n’est pas survoltée, dommage.

On dort sur Rockhampton, et les zozos me posent sur la route de Cairns. J’ai un train à Sarina, 350 km plus haut, pour Cairns, car il n’y avait plus de place pour partir de Rockie. Mon train est dans la nuit de jeudi à vendredi, j’ai toute la journée pour arriver, je suis large. Mais je commence le stop à 7h30 quand même, on ne sait jamais… Je suis pris à 8h30 par un premier petit vieux qui me sort de la ville pour que je sois à un endroit où tous les gens qui passent montent au Nord. Puis, vers 10h, Andrew, un Australien qui bosse à Mackay et habite à Brsibane  m’embarque. La première chose qu’il me dit : « tu écoutes quoi comme musique ? AC/DC, ça te va ? » Ouh yeah ! On discute pas mal de tout et de rien, de la France, de l’Australie, de musique etc… Il me paye café et sandwich sur une petite aire de repos, et me pose finalement vers 14h à Sarina.
Il n’y a rien à faire à Sarina. Je me bois une petite bière au pub. La patronne est bien cool, même si elle me prend pour un Irlandais au début. On discute pas mal (elle est pas débordée de boulot !), je vois une bouteille de Chartreuse sur l’étagère… je lui raconte donc un peu l’histoire. Mais à 8$ le verre, je ne pourrais pas lui faire honneur. Je lui laisse mon gros sac pour l’après midi et pars me balader un peu, faire des courses. Puis j’attends mon train sur le quai. Qui arrivera à 6h du matin au lieu de 4h. Le problème quand tu montes dans un train à 6h du matin, c’est que tout le monde se réveille, et que c’est dur de commencer une nuit… Je me rattraperais à Cairns !

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